Nouvelle O1; (c) Marion.

Voici une de mes nouvelles écrite il y a peu de temps. Je précise que tout reproduction totale ou partielle sera sévèrement punie par la loi.




Samedi, 15h43;
Ne pas penser ; s'occuper l'esprit ; sortir ; qu'importe ce que je fais, du moment que je n'y pense plus. Mais évidemment, on ne peut jamais s'empecher d'y penser. Viennent alors ces profonds moments de solitude. Un vide ; un vide qui nous semble insurmontable. Viennent alors ces angoisses ; qui me font penser aux 3 premiers mois. Cela fait maintenant 6 mois. Le temps passe vite ; trop vite. Envie de parler. Mais à qui ? Maman me dit d'appeler mes amis. Mais ils ne peuvent pas comprendre. Ils ne le pourront jamais. Je ne l'ai encore dit à personne ; et puis de toute façon, comment leur annoncer ça ? J'ai envie de pleurer, rien que d'y penser. Maman me dit aussi que ça passera ; que ce n'est qu'une période, qui peut durer plus ou moins longtemps.
Il va falloir que je rachète des mouchoirs.

Dimanche, 2h08;
Il m'arrive aussi de prendre un couteau. De le placer au dessus de mon poignet. J'ai envie d'en finir, mais je n'en ai pas la force. Je réfléchis alors à d'autres moyens de mettre faim à ma souffrance. Tels que les somnifères de ma mère. Il y en a des tonnes dans sa trousse de toilettes. Ainsi que des anti-dépresseurs. Ce n'est que grâce à ça qu'elle tient encore debout. Elle veut que je croie que tout va bien. Mais le problème, c'est que RIEN NE VA. Je crois que je vais aller me recoucher. L'insomnie ne guérit rien.

Dimanche, 21h58;
Maman m'a forcé à aller au cinéma cette après midi. Le film était nul. Je ne me souviens même plus du nom. Maman paraissait contente que je sorte enfin. Je ne vois pas ce que ca change... enfin, si ca peut lui faire plaisir, tant mieux. C'est tout ce que je peux lui donner. Demain je vais devoir aller en cours. Tant pis, de toute façon je ne ferais rien, et les profs ne pourront pas me le reprocher, vu qu'ils sont au courant. Ils disent qu'ils comprennent la situation ; qu'ils sont désolés. Mais qu'est ce que ca change, qu'ils comprennent ? Je n'ai pas besoin de leur pitié. Je n'ai besoin de la pitié de personne.

Lundi, 12h14;
Ce matin, la principale m'a convoqué dans son bureau. Elle m'a dit que si je voulais parler, elle était là pour moi. Comme si j'allais lui raconter ma vie, à elle, qui m'a toujours gueulé dessus quand je traînais dans les couloirs, qui me faisait toujours des remarques désobligeantes quand je passais devant elle, qui en profitait toujours pour m'enfoncer à chaque conseil de classe. C'est incroyable ce que la pitié peut changer les gens.
Quand je suis rentrée dans la classe, la prof m'a regardé d'un air compatissant. Je commence à en avoir marre. Toutes ces personnes hypocrites. Dire qu'il aura fallu ça pour qu'elles me parlent gentiment.
En classe, au lieu d'écouter la leçon et de faire mes exercices, je dessine. Ou j'écris. Je m'imagine différents scénarios. Genre moi, me plantant le couteau dans le coeur, tombant sur le lit, et ma mère me découvrant le soir, morte, les yeux sans vie, avec à côté écrit sur une feuille "ADIEU MONDE CRUEL". Mais je ne veux pas infliger ça à ma mère. Elle a déjà assez souffert comme ca.

Mardi, 7h40;
J'ai de moins en moins envie d'aller en cours. Tous ces regards soit disant compréhensifs, ça me donne envie de vomir. Il ne comprennent PAS. Ca ne sert a rien de faire semblant.
A la fin des cours, j'ai trainé un peu devant le collège en attendant ma mère. Tout d'un coup, une voix me sortit de mes rêveries :
<< Coucou Alice! >>
Je me suis retournée. Devant moi se tenait Mélanie ; une fille de ma classe.
<< Oh non, ai-je pensé, elle va encore me demander si ça va >>
Profitant du fait que ma mère arrivait, je suis partie brusquement, la laissant en plan, encore une fois.
Je n'ai besoin de parler à personne. Et surtout pas à eux.

Mercredi, 16h23;
Mes résultats sont en baisse. Maman me reproche de ne pas faire d'efforts. Comme si je pouvais faire des efforts dans un moment pareil ; comme si j'en était capable! Je l'ai entendu dire à Mamie qu'elle n'arrivait pas à gérer la situation. Pauvre Maman. Je devrais être plus compréhensive avec elle. Après tout, c'est elle qui devrait le plus souffrir.
Parfois, je lui dis << Maman, regarde la vérité en face; la seule solution c'est de partir loin, très loin, et de refaire notre vie! >> mais elle me répond qu'elle n'en a pas la force, ni l'argent. Comme si l'argent était un problème. Je crois surtout qu'elle a peur de ne pas pouvoir se débrouiller toute seule, sans ses amies, sans grand mère, sans tatie, et tout le reste de la famille.

Jeudi, 13h01;
Maman veut que j'aille voir un psychologue. Encore une de ses soit disant solutions. De toute façon, je n'ai rien a lui raconter à cet inconnu. Si j'y vais, c'est juste pour faire plaisir à ma mère, rien de plus.

Vendredi, 19h38;
Pendant tout le rendez-vous, je n'ai répondu que par des "mmmmh..." ou des hochements de tête. Cet homme ne m'inspirait pas confiance. Déjà, vu les questions qu'ils me posait, j'ai tout de suite compris que c'était un incompétent. Pour rassurer Maman, je lui ai dit que ça m'avait fait du bien. En fait, cela ne m'avait rien fait, rien changé.

Samedi, 17h20;
Je n'en peux plus. Je n'ai plus la force de continuer. Je n'ai plus envie de continuer. Maman, je suis désolée. Pardonne moi. Je ne veux pas que tu me voie si malheureuse. Je me suis décidée à enfin en finir. Et tant pis si cela entraîne de graves conséquences. J'espère que tu me comprendras. Que tu ne m'en voudras pas. De toute façon, je ne changerais pas d'avis.

Adieu.





Voilà :) N'hésitez pas a commenter ou à réagir. (Je précise que je ne suis pas depressive, cette nouvelle a seulement été écrite pendant un coup de blues :$)